Oscar Niemeyer ✆ Gustavo Siebert |
Nadir Djermoune es una arquitecta-urbanista y profesora en
el Departamento de Arquitectura de la Universidad Saâd Dahlab de Blida,
Argelia, y en este artículo opina sobre el
legado del arquitecto brasileño Oscar Niemeyer. Entre sus obras se encuentra el diseño la sede del Partido
Comunista Francés, en la Place du Colonel Fabien, en París. Murió el 5 de
diciembre 2012.
L’architecte brésilien Oscar Niemeyer vient de mourir à
l’âge de 105 ans. Il a laissé
derrière lui un ensemble de projets et des formes atypiques qui ne laissent pas
les observateurs indifférents. Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer
Soares est né le 15 décembre 1907 à Rio de Janeiro dans une famille de six
enfants. En 1929, il entre à l'Ecole des Beaux Arts de Rio de Janeiro où il
commence une formation en architecture dont il sort en 1934. C'est l'époque où
le modernisme et le style international
font la pluie et le beau temps dans l’univers architectural et urbain.
Très proche des thèses de Le Corbusier, introduites au Brésil par l'architecte Lucio Costa, Oscar Niemeyer devient stagiaire dans l'agence de ce dernier dans le but de parfaire sa formation : « Malgré mes difficultés financières », dira t-il en 1999, « j’ai préféré travailler, gratuitement, dans l'agence d’architecture de Lucio Costa et de Carlos Leão, où j'espérais trouver les réponses à mes doutes d'étudiant en architecture. C'était une faveur qu'ils me faisaient. Et ma décision prouve que je n'avais pas un esprit léger et terre-à-terre, mais, qu'au contraire, j'avais comme objectif d'être un bon architecte ».
font la pluie et le beau temps dans l’univers architectural et urbain.
Très proche des thèses de Le Corbusier, introduites au Brésil par l'architecte Lucio Costa, Oscar Niemeyer devient stagiaire dans l'agence de ce dernier dans le but de parfaire sa formation : « Malgré mes difficultés financières », dira t-il en 1999, « j’ai préféré travailler, gratuitement, dans l'agence d’architecture de Lucio Costa et de Carlos Leão, où j'espérais trouver les réponses à mes doutes d'étudiant en architecture. C'était une faveur qu'ils me faisaient. Et ma décision prouve que je n'avais pas un esprit léger et terre-à-terre, mais, qu'au contraire, j'avais comme objectif d'être un bon architecte ».
Foto: Sede del Partido Comunista Francés, de Oscar Niemeyer |
C’est la période où émerge en Europe et en Amérique du nord
un modernisme architectural et urbain, avec des figures telles que Ludwig Mies
van der Rohe, Le Corbusier, Frank Lloyd Wright ou encore Walter Gropius.
Niemeyer sera leur fidèle compagnon de route. Il poussera l’idée Moderne jusqu’à
son ultime expression. Sa touche latine ? Des arrondis dans la forme en béton ;
inspiré surement par la Samba ou le tango, ou encore comme il l’avouera plus
tard, par ses phantasmes en « hommage au courbes des femmes » ! Connu sous le
terme de « Mouvement Moderne », en M Majuscule, le courant dominant de la
modernité en architecture et en urbanisme du 20° siècle s’inscrit dans ce qu’on
pourrait définir comme le 3ème âge du capitalisme et l’hégémonie du capital
industriel dans la production et la planification urbaine, notamment après la
deuxième guerre. Il sera porté à ses débuts par les futuristes italiens, les
constructivistes russes, le mouvement Dada, le De stjil hollandais... Il
prendra toute sa légitimité intellectuelle et théorique dans l’école allemande
du Bauhaus avec W. Cropuis ou encore Mies Van der roh comme figures de proue.
Il prendra sa dimension « institutionnelle » avec les architectes du CIAM
(congrès internationale de l’architecture moderne) et la Charte d’Athènes
(1933) avec son porte parole incontournable Le Corbusier ou encore l’historien
d’architecture S. Giedion1.
Ce mouvement s’est donné comme hypothèse commune l’invention
d’une nouvelle architecture et un nouvel espace urbain, et leur corolaire une
nouvelle esthétique, en s’appuyant sur l’invention et les prouesses des
technologies modernes, jusqu'à leur fétichisation. Son esthétique : la pureté
de la forme inhérente aux caractéristiques du béton et de l’acier. « L’ornement
est un crime »2 déclarait l’un des protagonistes du Mouvement Adolf Loos.
L’urbain : restructurer la ville en changeant l’échelle typologique. La
parcelle comme structure de base d’intervention, en vigueur jusqu’au 19ème
siècle, est décriée au profit du « grand
ensemble ». Les bâtiments de l’aéro-habitat, l’ensemble des Annasser ou encore
la cité connue sous le nom « des Groupes » au champ de manœuvre à Alger de
l’architecte Zehrfuss, en sont de bons exemples.
Cette
attitude a comme point de départ la révolution industrielle du 19ème siècle ;
comme prémisses théoriques, le siècle des lumières. Elle a comme origine
lointaine, la Renaissance au 15ème siècle avec la dialectique qui l’accompagne
: « le traité » d’Alberti et « l’utopie » de Thomas More. La règle et le
modèle, selon F. Choay3. « Les deux courants principaux de l’art et de
l’architecture moderne sont donc déjà en place » écrit M. Tafuri ; « on retrouvera toujours par la suite la
même opposition dialectique entre ceux qui tentent de se prolonger au plus
profond du réel pour en connaitre les
valeurs et pour en assumer les misères, et ceux qui veulent se projeter au-delà
du réel, pour construire ex novo de nouvelles réalités, fonder de nouvelles
valeurs et ériger de nouveaux symboles ».
Autrement dit, c’est soit la structure urbaine en tant que telle qui est
le vecteur des nouveaux messages culturels et fonctionnels, ou au contraire, la
restructuration de la ville se réalise par l’introduction d’un espace de
rupture, susceptible de diffuser des effets sur la ville, sans jamais être
contaminé par elle.
C’est ici que s’opère la conjonction entre les idéologies au
pouvoir et les anticipations des avant-gardes intellectuelles. L’un des
porteurs de cette dernière voie est incontestablement Le Corbusier. Agissant comme intellectuel sans
mission officielle et sans compensation financière, il élabore des plans
expérimentaux pour Montevideo, Buenos-Aires,
Sao-Paulo, Rio qui le conduisent au plan Obus pour Alger. Ce
dernier reste pour l’historien italien M. Tafuri, « l’hypothèse théorique la
plus achevée de l’urbanisme moderne, hypothèse qui n’a pas encore été dépassée,
ni sur le plan idéologique, ni sur le plan formel »4. Prenant appui sur une orographie et une
stratification historique exceptionnelle, la Casbah, les collines du palais du
Dey, la courbe formée par la baie, Le Corbusier les utilise comme des matériaux
bruts au service d’une forme seconde nature ; une sorte de ready-made objects5
à une échelle gigantesque.
C’est Niemeyer qui prend le relai au Bresil. Soutenu par son
ami et admirateur Juscelino Kubitschek,
maire de Pampulha puis gouverneur de l’état de Minas Gerais et enfin
président de la république du Brésil – Il fut son Médicis 6 –, Niemeyer pousse
l’idée de Le Corbusier jusqu’a son
ultime expression formelle. Dans ses différents projets, depuis le ministère de
l’Education et de la santé à Rio de Janeiro en 1935, construit sous les
conseils direct de son maître spirituel, jusqu’à la ville de Brasilia en 1956,
Niemeyer explose et laisse faire ses phantasmes.
Influencé comme les Modernes de sa génération par les arts
plastiques, le cubisme pour le Corbusier, les tableaux de Mondrian pour Mies Van der roh, Oscar Niemeyer lui confond l’architecture et
la sculpture : l’auditorium sous forme d’un livre ouvert de l’université de
Constantine, la coupole sous forme d’œuf
du stade du 5 Juillet à Alger ou encore les « volcans » du Havre en
France ou le musée sous forme de soucoupe volante à Rio de Janeiro sont tous
des objets, des monuments sculptés. Objets offerts à la contemplation, à la
consommation visuelle et à la sublimation du mythe machiniste !
En Algérie, O. Niemeyer est connu pour ses projets
emblématiques d’une période où les utopies révolutionnaires se conjuguent avec
les utopies technicistes et technologiques. L’université de Constantine, celle
De Bab Ezzouar, la coupole de 5 Juillet,
l’EPAU (Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme) et même une
mosquée non réalisée expriment, par les formes et les structures choisies, une
facette d’une idéologie et d’une politique de l’époque : celle d’un capitalisme
d’Etat qui cherche sa voie pour son émancipation culturelle et sociale et son
indépendance économique.
Une facette ! Car le projet de développement économique,
social et culturel de l’Algérie indépendante engagée dans les années 1970 n’est
pas dénué de contradictions. La
forme architecturale avec toutes ses implications symboliques et ses référents
sémantiques exprime une culture où se combinent des choix esthétiques et des
options idéologiques. Niemeyer fut choisi pour exprimer l’image « futuriste »
voulue pour les sièges de la science et de la technologie et du sport (le corps
et l’esprit). Le tourisme est confié à F. Pouillon, l’architecte moderne le
plus culturaliste. Dans le même sillage,
l’architecture de l’université des sciences islamiques « Emir Abdelkader » à
Constantine est marquée par le sceau architectonique évoquant le décor
arabo-islamique. Et pour la petite
histoire, l’hôtel « l’Aurrassi » surplombant la ville d’Alger fut initialement
attribué pour sa conception et sa réalisation à un bureau égyptien avec des
éléments architectoniques ou se mêlent coupoles, arcs dans leurs connotations «
orientales ». Destiné à abriter les travaux de la conférence
afro-asiatique en 1967, les travaux furent, après le coup d’état de 1965,
confiés à un architecte Moderne italien, L. Moretti. Tout un symbole !
« Est-ce donc que la forme soit vide ? », nous interpelle H.
Focillon, manipulable au service des enjeux idéologiques ou des phantasmes des
architectes démiurges. La forme a une vie. Elle est le résultat d’un processus
de structuration et de codification collectives. Elle est histoire. « La forme
a un sens » nous répond H. Focillon, « mais qui est tout d’elle, une valeur
personnelle et particulière qu’il ne faut pas confondre avec les attributs
qu’on lui impose »7. Autrement dit, ce sont les usagers, en
s’appropriant des formes conçues, qui leur donnent un sens et une
signification, et qui ne sont pas forcement celles attribuées au départ. L’usage particulier qu’en fait une société à
des fins mystiques, artistiques, politiques varie à travers le temps.
Par ses
formes atypiques, à l’échelle territoriale et urbaine (la ville de Brasilia) ou
à celle du projet architectural (université de Constantine), l’architecture de
Niemeyer est élevée, ou réduite, selon le regard critique que l’on adopte, à sa
forme pure, jusqu'à confondre ou
assimiler l’architecture à de la sculpture. Le livre ouvert de
l’auditorium de l’université de Constantine n’a de sens que vu du ciel (c’est
le passage des avions vers l’aéroport de la ville à Ain L’bey). Le pied droit
en béton au centre de la grande esplanade de la même université ne sert à rien
sur le plan constructif. Il symbolise parait-il un stylo !
Quoiqu’il en soit, à travers l’œuvre de Niemeyer, le débat
sur l’architecture et la ville est ouvert. Laissons-le ouvert… comme l’auditorium de Constantine ! Il aura
toutefois marqué l’architecture du 20ème siècle. Il a aussi accompagné
la formation de l’espace algérien le temps d’un espoir, espoir d’une société
qui venait de sortir des décombres d’une colonisation atroce. Aujourd’hui,
l’espace algérien est toujours à la recherche d’une modernité qui entre-temps
est passée au post-modernisme. Le post-modernisme n’est en fait qu’un
modernisme de bas étage, ou se combine « le symbolisme du laid et de
l’ordinaire en architecture » que revendique l’architecte américain R.
Venturi8. Une architecture qui exalte l’activité commerciale la plus vulgaire,
celle des enseignes lumineuses, des façades de casinos des centres commerciaux
et des pompes à essences, celles qui encombrent nos routes et les bordures des
autoroutes.
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Notes
1. S.
Giedion, Espace, temps et architecture, Paris, Denoël, 2004.
2. Cité par M. Ragon, Histoire de l’architecture et de
l’urbanisme moderne, T.3 ; édit. Paris, Seuil, 1986, p. 282.
3. F. Choay, La règle et le modèle, Paris, Seuil, 1996.
4. M. Tafuri, Projet et utopie, Paris, Dunod, 1979, p. 106.
5. L’expression est de M. TAFURI, Ibid.
6. Voir M. Ragon, op. cit., p. 13.
7. H. Focillon, La vie des formes, Paris, PUF, p. 5.
8. Voir R. VENTURI,
De l’ambigüité en architecture, et surtout L’enseignement de Las Vegas.