Friedrich Nietzsche ✆ Daniel Fincke |
Christian Ruby / Ceux qui en suivent savent que les séminaires universitaires peuvent être des lieux de débat fructueux, mais qu’ils peuvent aussi servir de terrain de mise à l’épreuve de la pensée du maître qui les dirige, sans donner trop de matière à débat interne. S’ensuivent surtout des publications élargissant le cercle des initiés à cette pensée. Alain Badiou, que l’on ne présente tout de même plus, prévient d’emblée : si les autres séminaires se sont inscrits dans un développement précis de sa pensée, condensée ensuite dans une publication, ce séminaire-ci ne procède pas de la même logique. Il résulte de ce qu’il appelle une « décision pure », laquelle ne s’inscrit pas dans une scansion livresque particulière. Et si Nietzsche peut être traité d’« antiphilosophe » (Wittgenstein, Lacan, Saint Paul le sont aussi aux yeux de Badiou), c’est néanmoins à d’autres titres que certains autres écrivains qui mériteraient ce nom. Ajoutons que Badiou remercie dans la préface véronique Pineau, à laquelle nous devons la retranscription des propos ici publiés. Badiou précise encore qu’il a porté sa réflexion plus exactement sur les textes de la période 1887-1888, susceptibles de permettre d’identifier l’antiphilosophie de Nietzsche. Encore reconnaît-il les avoir abordés sur la base d’un malentendu. Il rangeait Nietzsche du côté des anti-platoniciens déchaînés. Eh bien, ajoute Badiou, « dans ce séminaire, je lui pardonne ses errements localisés ».